Avec un taux de chômage qui tourne autour de 5 %, une création d’emplois importante et la première économie productrice de services en Europe (plus de 80 % du PIB en 2007), la Grande-Bretagne est considérée comme le marché du travail le plus dynamique du territoire européen. Certes, les « petits boulots » et les emplois à temps partiel sont nombreux, mais les possibilités de trouver un emploi stable et qualifié restent intéressantes, même quand on possède peu de diplômes. « En dehors de quelques diplômés de grandes universités, tout le monde est à la même échelle. La notion de cadre et de non cadre n’existe pas », explique Ashley Mills, senior consultant chez Michael Page International. Malgré un certain ralentissement de l’économie et l’afflux des travailleurs issus des nouveaux Etats membres de l’Union européenne, les agences Jobcentre Plus (l’équivalent de nos agences ANPE) présentes en Grande-Bretagne ont fait état de plus de 474 600 offres d’emplois non satisfaites en janvier 2006, particulièrement dans la région du Nord-Ouest de l’Angleterre. Comme dans beaucoup de pays européens, les principaux secteurs porteurs sont ceux du commerce de gros et de détail, de l’industrie manufacturière, de la santé et de l’action sociale, de l’immobilier, du bâtiment, de l’hôtellerie-restauration, de la location et des services aux entreprises qui, ensemble, représentent plus de la moitié de la population active. Les Français s’illustrent plus particulièrement dans le domaine de la finance (surtout à Londres, qui fait l’objet d’un article à part dans notre dossier), de l’informatique, de l’enseignement, de la mode et de l’hôtellerie-restauration. Les Jeux olympiques de 2012 devraient encore accroître les opportunités !
Selon le réseau Eures (European Employment Service), les principaux bassins d’emploi en Grande- Bretagne se situent à Londres, dans le Sud-Est et le Nord-Ouest de l’Angleterre, régions les plus peuplées et dans lesquelles la production est la plus importante. Un constat qui rejoint les données sur la communauté française présente en Grande-Bretagne, puisque 60 % des Français résideraient à Londres et dans sa région, les autres se répartissant entre les autres grands centres urbains comme Birmingham, Coventry, Leeds, Manchester, Cambridge, Oxford et dans les comtés du Sud-Est (Hampshire, Kent, Surrey) et de l’Est (Essex). Par ailleurs, l’Ecosse, moins prisée que l’Angleterre, attirerait de plus en plus de travailleurs.
La région du Sud-Est ( South East England) comprend les comtés de Berkshire, Buckinghamshire, Kent, Hampshire, Isle of Wight, Oxfordshire, Surrey, East Sussex et West Sussex. Avec plus de 8 millions d’habitants et une production qui représente environ 15 % de la production totale, c’est la région la plus peuplée et l’une des plus riches de Grande-Bretagne. D’après le réseau Eures,les principaux centres d’emploi sont Milton Keynes, Portsmouth, Southampton, Brighton et Hove, Oxford, Reading, Crawley, les villes du Medway (Rochester, Gillingham et Chatham) et Slough. Parmi ces villes,deux attirent plus particulièrement les Français : Oxford – réputée pour son centre universitaire et pour son industrie automobile, avec la présence notamment de BMW – et Brighton, station balnéaire qui attire chaque année des milliers de jeunes à la recherche d’un job d’été. Le commerce de gros et de détail est le premier secteur d’emplois de la région avec des géants comme Tesco ou Sainsburys, suivi par l’immobilier, la location et les services aux entreprises (l’informatique notamment). Les autres secteurs porteurs et qui ont permis une croissance de la main-d’oeuvre dans la région sont la construction, le secteur pharmaceutique et biotechnologique (avec des entreprises comme Pfizer), les loisirs et le tourisme, le patrimoine, l’enseignement supérieur, les technologies de pointe (notons la présence d’Airbus à Broughton), le transport de marchandises et de la logistique. Bien qu’en déclin ces dernières années, le secteur manufacturier apporte une richesse économique importante dans la région. Bénéficiant de sa position proche du Grand Londres ( Greater London), l’Angleterre de l’Est ( East England) est également un bassin d’emplois important, notamment à Cambridge (surnommée « Silicon Fen » grâce à la croissance des industries de haute technologie et des incubateurs qui se sont développés dans les parcs scientifiques), à Chelmsford et à Ipswich. Senior PLC (ingénierie mécanique), Port of Felixstowe, PC World, Procter & Gamble et beaucoup de grandes entreprises de commerce de détail sont les employeurs les plus connus. L’Est est aujourd’hui la deuxième région présentant le taux d’emploi le plus élevé du Royaume- Uni, ex-æquo avec le Sud-Est.
La région Nord-Ouest ( North West England), composée des comtés de Blackburn, Darwen, Cheshire, Cumbria, Lancashire, Greater Manchester et Merseyside, est l’une des plus peuplées de Grande-Bretagne (plus de 6 millions d’habitants), avec les villes de Manchester, Liverpool, Leeds ou Sheffield.Bien qu’encore une des plus pauvres de Grande- Bretagne, c’est une des régions les plus importantes au niveau économique. Manchester est la ville phare du Nord-Ouest. Selon Lisa Carter, consultante pour le bureau d’Euro London à Manchester,cabinet international de recrutement multilingue, l’importance croissante de la région et de Manchester peut être attribuée à différents facteurs : « un réseau de transports très développé – au carrefour des grandes villes avoisinantes – ses nombreuses universités, son faible coût de la vie et la présence de Trafford Park (la plus grande zone industrielle d’Europe, avec plus de 1 400 entreprises employant entre 40 000 et 50 000 personnes, ndlr) comprenant notamment le TDG Euroterminal, un entrepôt de 2 hectares, plaque tournante des échanges avec l’Europe continentale. » Malgré la crise du secteur manufacturier, le Nord-Ouest, est également réputé dans la branche de l’automobile, qui compterait plus de 500 entreprises et 600 fournisseurs de pièces détachées. Par ailleurs, dans cette région clé pour l’exportation de médicaments, le secteur de la chimie est très représenté avec 800 entreprises employant 43 000 personnes. Pour les étrangers, notamment les Français, « les opportunités se situent surtout dans le shared services sector (secteur des services partagés) dans la finance, les services à la clientèle et l’informatique », précise Lisa Carter, à Manchester mais aussi à Cheshire, « où les fabricants, poussés par la mondialisation et la compétitivité, utilisent les compétences du personnel multilingue à l’exportation, à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement (logistique, achat, vente…), pour des postes administratifs ou commerciaux. Etudes de marché, télémarketing, recrutement sont également des services fournis par des entreprises visant de plus en plus des perspectives européennes. » Côté salaires, ils s’échelonnent entre 15 000 et 18 000 £/an (soit entre 19 000 et 22 800 €), plus les primes, en fonction de l’expérience, de l’entreprise et du nombre de langues pratiquées.
Liverpool est la seconde ville de la région en terme de recrutement. « Le fait que la ville ait remporté le titre de capitale européenne de la culture en 2008, comme Lille en 2004, montre dans le même temps son dynamisme économique », souligne Eglantine Tancray, senior manager chez Michael Page International. Pourtant, le Nord-Ouest, qui a longtemps été synonyme de pauvreté, souffre encore d’une image négative. Ainsi, malgré les opportunités, comme le confirme Eglantine Tancray, « les Français sont très peu mobiles pour aller dans cette région ».
A citer également le poids économique de deux autres régions : les Midlands de l’Ouest,qui abrite Birmingham, considérée comme la seconde ville du pays et où Saint- Gobain, Alstom et Peugeot notamment ont élu domicile ; le Sud-Ouest, avec la ville de Bristol, qui compte plusieurs gros employeurs d’envergure internationale, tels que Motorola, Airbus, British Aerospace, Honda…
En Ecosse, certains secteurs connaissent une pénurie d’emplois au point que certains employeurs ont recours au recrutement de travailleurs migrants ou en difficulté d’insertion : construction, agriculture, pêche et surtout services (santé, éducation, services aux entreprises…). La société d’études spécialisée Futureskills Scotland estime qu’il y a aura environ 500 000 emplois en 2008 dont environ 40 000 nouveaux emplois créés. Edimbourg, deuxième plus grand centre financier en Grande-Bretagne après Londres ; Glasgow, important centre industriel et Aberdeen, considérée comme la capitale européenne du pétrole, sont les villes les plus porteuses.
Source : Vivre à L’étranger